Commentaire de la décision rendue par la "United States District Court of Maryland", le 08 août 1995 Disney / Proactive Media Reproduction illicite d'un journal en ligne |
Texte de la décision (en anglais)
Le 8 août 1995, un tribunal du Maryland a rendu une décision en
matière de contrefaçon de journaux publiés sur le réseau
Internet. Bien qu'il soit classiquement reconnu la culpabilité
de celui qui reproduit et diffuse un produit protégé par le
droit d'auteur (copyright) sans l'autorisation du titulaire des
droits, ce jugement est une référence, de par le caractère
singulier et le montant exceptionnellement important des dommages
et intérêts qu'il alloue à la victime de cette infraction.
Dans les faits, un dirigeant de la société Disney Interactive software, branche "nouvelles technologies de l'information" de la Walt Disney Company, avait ordonné la reproduction de chaque parution du quotidien électronique, Multimedia Wire, édité par la société Proactive Media et dédié aux nouveautés informatiques, ainsi qu'aux aspects économiques de ce domaine. Ces reproductions étaient ensuite dupliquées et distribuées à nombre de cadres de Disney, par le biais de leurs fax où de leurs boites aux lettres électroniques (e-mail), sans que l'éditeur n'ait autorisé cet usage. Ce journal en ligne n'est normalement accessible qu'aux seuls abonnés, et moyennant une souscription d'environ 3000francs par an (500$).Disney était pour sa part titulaire de quatre abonnements, et c'est à partir de l'un d'eux que les actes de contrefaçon ont été réalisés.
C'est suite à un coup de fil anonyme provenant de chez Disney
même que l'éditeur du Multimedia Wire va découvrir l'infraction et engager les
poursuites devant la "United States District Court of Maryland" (il
est à noté qu'en se déclarant compétent, ce tribunal apporte encore une fois
une réponse en matière de compétence territoriale, en permettant de déduire
que le tribunal compétent est celui du lieu où a été constatée l'infraction.
Pour d'autres décisions dans ce sens, voir les arrêts rendus dans les affaires
"Brel" et "Queneau".)
La Cour a bien entendu admis la contrefaçon réalisée de
manière délibérée et préméditée par Disney, et par la
même occasion, la violation des dispositions du contrat
d'abonnement. C'est sur ces motifs qu'elle a condamné Disney à
payer à Proactive Media, les droits correspondant aux
reproductions et diffusions illicites, les dépens, ainsi que les
frais d'avocats et la somme de 12 millions de francs (2 millions
de dollars) à titre de dommages et intérêts.
La valeur d'exemple que le montant des dommages et intérêts
confère à cette décision, repose essentiellement sur la
personnalité même de l'auteur de l'infraction. La Cour a ainsi
voulu rappeler que la société Disney est l'une des plus prompt
à se battre pour le respect de ses droits et notamment les
droits attachés à sa marque, et qu'elle est de ce fait d'autant
plus impardonnable.
Texte de la décision (en anglais)
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